(Download) "Le Tour du Monde; d'Alexandrette au coude de l'Euphrate" by Various Authors # Book PDF Kindle ePub Free
eBook details
- Title: Le Tour du Monde; d'Alexandrette au coude de l'Euphrate
- Author : Various Authors
- Release Date : January 01, 2012
- Genre: Transportation,Books,Young Adult,
- Pages : * pages
- Size : 1794 KB
Description
Les souvenirs que je recueille ici sont le menu profit d'un voyage qui n'avait pour but ni le plaisir, ni la connaissance d'une région réservée aux touristes audacieux. J'avais en vue de relever les traces de vie grecque, romaine ou byzantine, qu'il était possible de rencontrer dans ce pays où le passé inspire la honte du présent. Cette pensée m'a dicté le choix de la saison, et en même temps l'itinéraire: il me fallait les longues journées d'un printemps déjà avancé; je devais laisser les routes des caravanes, quand elles s'écartent des points jadis occupés. Ce plan m'a bien servi, éloigné souvent des sentiers battus; j'ai pu voir des localités dont les noms sont moins familiers, les habitants encore plus près de la nature, et cela à un moment de l'année où se révèle pleinement leur caractère. Le goût de l'actualité sera lui-même servi par ces notes rapides: là où j'ai passé, s'allongera bientôt le chemin de fer de Bagdad. Je voudrais donner un aperçu de l'état de cette contrée avant le grand effort de la poussée européenne. Le service d'Europe le plus rapide à destination d'Alexandrette est celui du Lloyd autrichien. Depuis Smyrne, une brève escale à Rhodes; à Mersina, arrêt plus long, sans grand attrait, et, après une courte navigation nocturne, le navire jette l'ancre à un mille de la côte où je dois atterrir. C'est le 6 avril; il fait à peine jour; le froid du matin me pénètre, et le paysage, que le recul du continent me présente en un seul tableau, complète la première impression, plutôt pénible. Presque au bord de l'eau, qui est couleur d'ardoise, une montagne haute et abrupte, dont on devine le sommet, mais barrée en travers par une traînée d'épais nuages noirs, qu'on sent de loin chargés d'humidité, j'allais dire de fièvre. Sous eux, comme écrasée, la ville minuscule: aux extrémités, deux grandes usines, qui rapetissent les autres maisons. L'ensemble est misérable et rebutant. En un clin d'œil, je revois mes aventures de l'année précédente, un peu plus au sud, en Palestine et dans le Haouran: le désert nu et mort, le manque de ressources après un accident soudain, les journées où le soleil aveugle et assomme, et je songe que bientôt, peut-être, je regretterai ce temps gris, cette côte qui semble inhospitalière, ce port sale et laid, qu'anime au moins cette vie factice et intermittente que produit l'arrivée des bateaux.